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Forum de Caritas Suisse à Berne: La solitude, un fléau de notre société ?
Lucerne (ots)
De plus en plus de personnes se sentent seules dans une société qui ne manque pas de moyens de communication. Les cassures dans la biographie et les changements dans le monde du travail sont souvent des pièges conduisant à l'isolement. Au Forum de Caritas Suisse du 14 janvier 2005, des spécialistes ont examiné les liens entre la solitude et les structures économiques et politiques. Près de 260 personnes ont participé à cette manifestation qui a eu lieu à Berne.
"Le caractère de la solitude s'est modifié", a expliqué Elisa Streuli, chargée de cours à la Haute école pédagogique et de travail social des deux Bâle. "Si hier, le risque d'isolement était l'expression de circonstances inéluctables, de dépendances et de structures sociales rigides, il apparaît aujourd'hui comme un manque d'orientation et une défaite personnelle face à la soi-disant liberté. Le fait de courir après toutes ces options qui s'offrent à nous, ne nous laisse plus de temps pour soigner les contacts sociaux, pour la flânerie et la participation à la vie des autres", a ajouté Elisa Streuli.
Course destructive
Pour le psychanalyste et philosophe allemand Horst-Eberhard Richter, la tendance de ces dernières années est allée davantage du "moi" vers le "nous". "Il semble, dès lors, que les hommes n'ont pas trouvé suffisamment de sécurité dans leur retraite narcissique du "moi" face aux menaces économiques. Les risques croissants pour la sécurité de l'emploi, les sacrifices exigés et nécessaires pour conserver les entreprises et garantir des rentes, ainsi que les questions de santé jouent un rôle décisif." Horst-Eberhard Richter a également critiqué "la course destructive vers une hégémonie de l'économie dans l'armement, la conquête de l'espace, les patentes en pharmacologie, en chimie et en génie génétique."
Le conseiller national genevois et vice-président des Verts suisses, Ueli Leuenberger, a évoqué l'isolement dans le monde du travail. "Aujourd'hui, même celles et ceux qui ont un emploi ont souvent l'impression de n'être plus qu'un numéro. A cela, plusieurs explications: l'anonymat des décideurs et propriétaires d'entreprises, l'absence de projets collectifs, et pour corollaire, la peur de l'avenir."
Martin Kronauer, professeur de sciences sociales à l'Ecole supérieure d'économie de Berlin, a démontré dans sa présentation que les chômeurs de longue durée rencontrent d'autres chômeurs, alors que les personnes se trouvant dans une situation professionnelle stable fréquentent en premier lieu des personnes dans la même situation. "Il est donc évident que les conséquences sont problématiques. Il ressort que les inégalités rencontrées sur le marché du travail et dans le système d'occupation se répercutent dans une tendance d'entretenir des rapports sociaux moins équilibrés, qui peuvent même dégénérer en une spirale négative."
Pierre Weiss, responsable du département Documentation et Communication à la Fédération des entreprises romandes (FER-Genève), s'est référé aux changements sur le marché du travail. A son avis, les nouvelles formes de travail, notamment le travail à domicile, renferment un certain risque d'isolement tout en laissant apparaître de nouvelles chances. Ce qui est décisif dans ce contexte est le choix délibéré ou non de la forme de travail.
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