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Caritas Schweiz / Caritas Suisse

Position de Caritas sur la tragédie des migrants aux frontières de l'Europe
Faire acte de solidarité au lieu de réduire le budget

Lucerne (ots)

En Europe et à ses frontières, on observe des faits inquiétants, et même scandaleux : des camps de réfugiés surpeuplés sont apparus. Les conditions d'hygiène et sanitaires y sont désastreuses, de même que l'approvisionnement des migrants en nourriture, en eau potable et en vêtements. De très nombreuses familles n'ont pas d'abri pour la nuit.

Des milliers de migrants ont perdu la vie, victimes des dangers des routes de l'exil empruntées par les passeurs. Des forces de sécurité accueillent les nouveaux arrivants - familles, femmes et enfants - à coups de matraque et de gaz lacrymogènes. Les foyers d'hébergement de requérants d'asile sont incendiés par des groupes d'extrême droite et des bandes de passeurs sans scrupules réalisent d'incroyables profits, en exploitant la détresse des personnes migrantes.

Les stratégies de dissuasion ont échoué

Ces procédés mettent en évidence le fait qu'il n'y a, à l'échelle européenne, aucune politique des réfugiés coordonnée ni politique migratoire digne de ce nom. La stratégie dominante mise sur l'égoïsme national, sur la dissuasion et sur la fermeture des frontières.

Or, cette stratégie a manifestement échoué. Les migrantes et migrants arrivent malgré tout. Ceux qui fuient la guerre, la violence, l'oppression politique ou l'absence de perspectives d'avenir ne s'arrêtent pas à des frontières fermées entourées de barbelés. Et ce n'est pas non plus une législation sur l'asile durcie de révision en révision qui les retiendra.

On ne peut pas parler de chaos de l'asile en Suisse

Comparée à ses voisins que sont l'Allemagne, l'Autriche, l'Italie et la France, la Suisse connaît une hausse modérée du nombre de requérants d'asile et de réfugiés. Avec les 30 000 demandes pronosti-quées pour 2016, elle est encore très loin de l'afflux de réfugiés provoqué par la guerre des Balkans (Bosnie, Kosovo). Contrairement à ce qu'affirment certains représentants politiques, on ne saurait parler de chaos de l'asile.

Mais les stratégies de dissuasion et de fermeture des frontières mènent à l'impasse en Suisse comme dans tous les pays européens. La classe politique doit s'en distancier au profit d'une politique des réfugiés et migratoire qui réponde aux exigences d'un État de droit et qui soit digne de la tradition humanitaire. C'est le Sud qui porte principalement la charge de la tragédie des réfugiés

Cela implique que l'Europe n'est que faiblement touchée par les mouvements de fuite et de migration planétaires. Seule une petite partie des 60 millions de personnes en fuite, selon les estimations de l'ONU, arrivent en Europe.

Le constat s'applique aussi aux Syriens déplacés par la guerre qui représentent la plupart des person-nes en fuite sur la route dite des Balkans : sur les quatre millions de personnes qui ont quitté le pays, 3,5 millions vivent dans les États voisins que sont le Liban, la Jordanie, l'Irak et la Turquie. La petite part de déplacés syriens qui cherchent refuge en Europe a droit à une procédure d'asile bien ordonnée et à une prise en charge conforme à la dignité humaine.

Agir au lieu de parler : augmenter l'aide humanitaire

Comment se comporte la Suisse officielle ? Des réductions massives menacent la coopération au développement. Dans ce domaine, le projet de budget actuel prévoit pour 2016 des coupes de 120 millions. Il s'agit également de procéder à d'autres réductions dans le crédit cadre 2017 - 2020 de la Direction du développement et de la coopération (DDC). Tout cela alors même que des millions de personnes fuient actuellement la guerre et la pauvreté. De l'avis de Caritas, une telle attitude ne va pas seulement à l'encontre des principes humanitaires et des fondements de la politique de développement. Elle est aussi irréaliste.

La Suisse doit porter son aide humanitaire pour les Syriens déplacés par la guerre à au moins 100 millions de francs par an. Caritas a signalé à plusieurs reprises que la récente augmentation de 30 à 50 millions de francs est beaucoup trop modeste, par rapport à l'ampleur de cette catastrophe humanitaire.

Un renforcement de l'aide humanitaire soulagerait les pays voisins de la Syrie où la majorité des personnes déplacées par la guerre ont trouvé refuge. De droite à gauche de l'échiquier politique, les partis soulignent sans cesse qu'ils trouvent l'aide sur place juste et urgente. Il est grand temps de traduire ces belles phrases en actes.

On ne peut mettre fin aux agissements des bandes de passeurs qui font commerce de la détresse et de la souffrance des gens qu'en permettant à ces derniers de fuir légalement en Europe et d'y déposer une demande d'asile. C'est pourquoi la Suisse doit réintroduire la possibilité supprimée en 2013 de déposer une demande d'asile dans l'ambassade suisse d'un pays tiers. Comme l'ont montré les expériences antérieures, c'est là un instrument important pour sauver des personnes persécutées.

La Suisse doit se montrer coopérative

Justement parce que notre pays n'est pas en proie à un chaos de l'asile et que les mouvements migratoires actuels nous touchent beaucoup moins, la Suisse doit se montrer coopérative vis-à-vis des États voisins et agir en partenaire.

La Suisse doit en particulier apporter une aide généreuse, rapide et directe à des pays qui, comme la Macédoine et la Serbie, sollicitent son soutien. Elle doit mettre à leur disposition des ressources humaines et financières qui leur permettent de traiter avec humanité les requérants d'asile et les réfugiés.

Nous devons réfléchir autrement

C'est un fait : nous considérons les Syriens menacés par la guerre comme des personnes qui nous posent problème. Cette distorsion de la réalité devrait nous donner à réfléchir. Nous devons nous remettre en question et agir en conséquence. Cela signifie que nous devrions nous demander comment nous pouvons aider ces personnes, au lieu de les accueillir uniquement avec des stratégies de dissuasion.

C'est aussi ce que réclament tous les citoyens et citoyennes qui s'engagent dans des actions de solidarité privées en faveur des migrants ou qui soutiennent généreusement l'aide d'urgence et à la survie des oeuvres d'entraide suisses.

Contact:

Avis aux rédactions : pour de plus amples informations, vous pouvez
vous adresser à Katja Remane, courriel : kremane@caritas.ch, tél :
041 419 23 36

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