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Voici les mots de l'année 2019 en Suisse
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Communiqué de presse | Winterthour, le 3 décembre 2019
ZHAW Département de linguistique appliquée
Voici les mots de l'année 2019 en Suisse
Vague verte est le mot romand de l'année 2019, suivi de féminicide et de flygskam. Trois mots, deux problèmes, une prise de conscience.
La vague verte semble ignorer les frontières linguistiques : la Suisse italophone a elle aussi choisi onda verde, tandis que la Suisse alémanique a couronné Klimajugend. Enfin, pour la première fois, un mot de l'année en romanche vient s'ajouter au tableau : luf. La mosaïque multilingue que composent ces mots nous révèle ce dont a parlé la Suisse en 2019, et ce qui lui donné à réfléchir.
Le romanche entre dans la danse
Si le mot de l'année existe en Suisse alémanique depuis 2003, il a fallu attendre 2017 et l'Université des sciences appliquées de Zurich (ZHAW) pour qu'il revête véritablement une dimension nationale, avec un mot romand en 2017, puis un mot en italien en 2018. Cette année, le carré est enfin complet, avec le mot de l'année romanche, élu en partenariat avec la Lia Rumantscha.
Chaque année depuis 2017, un large corpus numérique de textes suisses (Swiss-AL), compilé par les chercheurs de la ZHAW, a permis d'établir une liste de mots particulièrement fréquents en comparaison des années précédentes. Cette liste a servi de base aux délibérations de chacun des jurys afin de déceler ces mots qui font la Suisse de 2019. C'est ensuite ce même corpus qui a permis de retracer l'évolution récente des mots choisis pour mettre en lumière les réalités dont ils témoignent et même qu'ils construisent (voir encadrés ci-dessous).
Le jury francophone se composait de linguistes aux spécialisations diverses, de journalistes, d'enseignants de français, de responsables de communication et d'artistes, multipliant les perspectives : scientifique, pratique, artistique. Or, le palmarès de cette année reflète les dénominateurs communs, des préoccupations tangibles dans tous ces domaines. La vague verte nous raconte une prise de conscience écologique à l'échelle nationale, le féminicide sort du silence des millions de crimes jusqu'ici banalisés, et le flygskam aborde ouvertement la question de la culpabilité dans le contexte écologique.
Le projet " Mot suisse de l'année " et la compilation du corpus Swiss-AL sont menés par le Département de linguistique appliquée de la ZHAW.
De plus amples informations sont disponibles sur notre site internet
Mots romands de l'année
Première place : vague verte
L'année électorale 2019 en Suisse aura vu son lot de métaphores marines : vague, onde, raz-de-marée ou encore tsunami... La vague verte nous parle d'un impressionnant basculement des urnes vers une politique écologiste. Mais contrairement au raz-de-marée ou au tsunami, elle n'est pas forcément destructrice. Ainsi évoque-t-elle surtout un ample mouvement presque irrépressible, une force motrice du tout, une volonté inébranlable d'aller de l'avant, vers l'avant, en balayant les obstacles. L'avant de la vague verte, c'est l'espoir d'une politique plus clémente envers le climat, dont la Suisse a désormais conscience de l'urgence, comme elle l'a montré par les urnes. En 2018, le terme sécheresse préoccupait et décrochait la deuxième place. En 2019, la vague verte semble traduire une réponse concrète et massive. Mais une vague n'étant pas sans danger, les plus sceptiques craindront peut-être la noyade verte...
Deuxième place : féminicide
La place de la femme dans la société suisse n'a pas fini de faire couler de l'encre. Après harcèlement en 2017 et charge mentale en 2018, 2019 s'assombrit et met un mot sur une réalité souvent ignorée en Suisse : le féminicide. Tandis que certains s'interrogent sur l'intégration dans le code pénal d'une nouvelle catégorie de crime - le meurtre d'une femme parce qu'elle est une femme - d'aucuns hausseront les épaules, arguant qu'un féminicide n'est qu'un homicide parmi tant d'autres, tout aussi tragiques. On pourrait pourtant considérer logique que la parole libérée par le vaste mouvement #metoo entraîne des conséquences en matière de jurisprudence. Ainsi la langue, aux tribunaux comme dans la sphère publique, suit-elle les évolutions de la société et rend tangibles les controverses qu'elles recèlent.
Troisième place : flygskam
L'urgence climatique est plus présente que jamais dans les discours de la société, bien au-delà des frontières suisses. Le flygskam, emprunt au suédois, illustre l'universalité des questions liées à la protection de la planète. Mais au-delà de l'inquiétude, il pointe du doigt un débat de plus en plus médiatisé sur la question de la culpabilité. La planète brûle, mais à qui la faute ? Chaque individu porte-t-il la lourde responsabilité de préserver la planète par ses gestes quotidiens ? Mais alors, quid des grandes multinationales, quid des compagnies d'aviation low-cost, quid des gouvernements qui taxent si peu le kérosène ? Contrairement à un néologisme comme écoculpabilité, flygskam fait de l'individu isolé un coupable et responsable, dont le choix de prendre l'avion ou non décidera de l'avenir de la Terre. Or, si ce terme a défrayé l'actualité de 2019, c'est peut-être aussi le signe que la question plus générale de la responsabilité du tout et de l'individu est au coeur des consciences.
Wort des Jahres Schweiz
Platz 1: Klimajugend
In ernster Besorgnis rufen die Jugendlichen in der Schweiz dazu auf, endlich etwas gegen den Klimawandel zu unternehmen. Und sie haben Biss, Schlagkraft und Ausdauer wie Greta Thunberg: Immer wieder bringen sie Zehntausende auf die Strasse zum Klimastreik. Viele von ihnen wollen auf breiter Front einen Umdenkprozess anstossen und gemeinsam Wege aus der Klimakrise finden, zusammen mit Politikern, Wissenschaftlern und der Bevölkerung. Denn die Jugendlichen wissen: Das Klima geht uns alle an und es bestimmt, wie ihre Zukunft aussieht.
Platz 2: OK Boomer
Kurz und bestimmt. OK Boomer ist die Antwort darauf, wenn sich eine Person aus der Babyboomer-Generation abwertend und herablassend über die Meinung einer jüngeren Person äussert. Er taucht in den letzten Jahren vereinzelt auf und verbreitet sich rasch ab Oktober, unter anderem ausgelöst durch den Zwischenruf in einer Klimadebatte: Ein Babyboomer unterbricht eine junge Rednerin, die mit "OK Boomer" quittiert. Totschlagformulierung oder Einforderung von Respekt? Fest steht: Alt und Jung wollen gehört sein und ernst genommen werden.
Platz 3: Flugscham
Fliegen oder nicht fliegen? Flugscham wird 2019 zum Thema; das Wort bezeichnet die Scham darüber, trotz Klimawandel nicht auf Flugzeugreisen zu verzichten. Im Wort Flugscham verbindet sich Reiselust mit Klimakrise, setzt Globalisierung ihren ökologischen Fussabdruck, verzahnen sich Flugmeilenprämien mit Gewissensbissen. Die Zahlen zum Reisen über den Wolken sprechen eine deutliche Sprache: Die Anzahl der Flugpassagiere steigt weltweit kontinuierlich an. Flugscham breitet sich währenddessen überall aus, bei den Babyboomern und der Klimajugend.
Parole svizzere dell'anno
1° posto: onda verde
Il 2019 resterà nella storia come l'anno in cui la causa ambientale ha raggiunto una nuova dimensione in tutto il pianeta. I giovani di ogni angolo del globo, guidati dall'attivista svedese Greta Thunberg, chiedono a gran voce che i governi si impegnino nel concreto - e non solo mediante accordi spesso non rispettati - a risolvere la crisi climatica che abbiamo causato e stiamo vivendo. In Svizzera, l'onda verde ha assunto una dimensione politica senza precedenti: alle ultime elezioni, Verdi e Verdi Liberali hanno conquistato insieme il 21% dei voti al Consiglio Nazionale, a discapito dei partiti tradizionali. Questa crescita del 9.6% rispetto al 2015 costituisce un record assoluto per i partiti verdi, e ribalta gli equilibri politici nel Nazionale come mai era capitato prima. Quasi uno tsunami, insomma, per un paese abituato a movimenti politici lenti e graduali. L'onda ha coinvolto in pieno anche il Ticino, con un aumento della presenza verde nel governo cantonale e il primo seggio verde ticinese al Nazionale (per la Greta nostrana, la Gysin). Che sia giunto il momento per una vera svolta sostenibile della Confederazione?
2° posto: sciopero delle donne
La Svizzera nel 2019 è finita sulle prime pagine dei giornali di tutto il mondo grazie a un evento per noi insolito: uno sciopero. Il 14 giugno 2019 circa mezzo milione di persone hanno protestato, in piazza o con altre forme di manifestazione, contro la discriminazione di genere. Tre rivendicazioni stavano al centro delle manifestazioni pacifiche, che hanno tinto di viola la Confederazione: la parità salariale, il riconoscimento del lavoro familiare e la lotta al sessismo. Proprio questi punti erano rimasti irrisolti dopo il primo sciopero delle donne svizzere, il 14 giugno 1991. Visto lo storico aumento della presenza femminile nel governo federale con le elezioni di quest'anno e il moltiplicarsi dei movimenti femministi a livello globale, speriamo non sarà necessaria una nuova edizione dello sciopero delle donne fra altri 28 anni.
3° posto: 5G
Il dibattito tecnologico nella Svizzera italiana nel 2019 si è concentrato sull'introdurre la connettività di quinta generazione. Essa permetterebbe non solo agli smartphone di navigare in internet a velocità ben superiore ad oggi, ma anche di fare passi avanti notevoli nella telemedicina, nell'automazione industriale, nella logistica. Il 5G è però assai controverso. Invece che viaggiare su fibre ottiche come il 4G, viene trasmesso su onde radio ad altissime frequenze da un'antenna all'altra. Ancora poco chiari sono i potenziali rischi per la salute che questa trasmissione comporterebbe, per non parlare dello scempio del paesaggio causato dalle innumerevoli antenne che si dovrebbero costruire. Accanto a tali preoccupazioni per la salute pubblica e a una certa paura dell'ignoto, che tipicamente accompagna le nuove tecnologie, si riscontra una dimensione geopolitica. Leader nello sviluppo e implementazione del 5G sono infatti Cina e Corea. Se il 5G sia davvero dannoso non lo sappiamo, di certo rappresenta una minaccia per il primato tecnologico occidentale.
Pled rumantsch da l'onn
Emprim plaz: luf
Il luf è stà tar nus ditg mo pli in protagonist en paraulas. Pir ils onns 1990 è el puspè arrivà en noss mund real ed è restà. Enturn maisas radundas, en brevs da lecturs u a chaschun da debattas parlamentaras: il luf procura per discussiuns cuntraversas e sveglia emoziuns. El fascinescha ils ins e fa tema als auters. Betg il davos er en il chantun Grischun. El simbolisescha la natira che reconquista spazis pers ed el è ina spezia d'anarchist che smanatscha l'urden vertent. Vegni a dar in cumpromiss che conceda al luf in toc abitadi che cuntenta tant ils "romantichers urbans" sco ils "muntagnards testards"?
Segund plaz: diaspora
Terra empermessa, Terra incognita, Terra negligida? Er il rumantsch ha sia diaspora - per ils ins lur dachasa, per ils auters in spazi che sveglia speranzas u irritaziuns. Tgi è da l'avis ch'i vegnia discutà memia bler e fatg pauc u nagut, tgi vesa nair basegn d'agir, tgi vul priorisar ils territoris tradiziunals, avant che sustegnair las Rumantschas ed ils Rumantschs giu la Bassa. In fatg è però: la gronda part dals umans che discurran rumantsch viva oz ordaifer l'intschess tradiziunal da la lingua.
Terz plaz: unda verda
Glatschers che lieuan, inslas che sfundran - duas consequenzas ch'il midament dal clima ha per l'ambient, in dals temas dominants avant l'elecziun dal parlament federal da quest atun. In tema, cun il qual las partidas cun agendas ecologicas han pudì metter en moviment l'unda verda. Il resultat è enconuschent: ina victoria istorica per ils Verds. In u l'auter crap verd che vegn bittà en l'aua giu Berna vegn franc a far undas er en il Grischun, malgrà che las partidas che s'engaschan tradiziunalmain per l'ambient n'han gì nagin success tar nus.
Pour tout complément d'information :
Prof. Dr Daniel Perrin
directeur du projet " Mot suisse de l'année " et du Département de linguistique appliquée de la ZHAW
tél. 058 934 60 67, e-mail : daniel.perrin@zhaw.ch
Lic. phil. I Marlies Whitehouse
direction opérationnelle du projet " Mot suisse de l'année " et responsable du jury germanophone
Département de linguistique appliquée, ZHAW
tél. 058 934 61 69, e-mail : marlies.whitehouse@zhaw.ch
Elsa Liste Lamas, M.A.
responsable du jury francophone
Département de linguistique appliquée, ZHAW
tél. 058 934 62 39, e-mail : elsa.liste@zhaw.ch
Dr Marta Zampa
responsable du jury italophone
Département de linguistique appliquée, ZHAW
tél. 058 934 77 60, e-mail : marta.zampa@zhaw.ch
Lic. phil. I Daniel Telli
responsable du jury romanche
Manader Lingua, Lia Rumantscha
tél. 081 258 32 29, e-mail : daniel.telli@rumantsch.ch
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