"Navigating Troubled Waters: Three Options for Switzerland in its Dealings with China" : Nouvelle étude d'Avenir Suisse
Zurich (ots)
Le monde semble au seuil d'une ère nouvelle - et pas seulement à cause de la guerre en Ukraine. La lutte des systèmes entre les Etats-Unis et la Chine gagne en intensité. Que peut faire la Suisse si les relations entre l'Occident et la Chine continuent de se dégrader ? La nouvelle étude d'Avenir Suisse "Navigating Troubled Waters" présente des options stratégiques.
Comment la Suisse doit-elle se positionner à l'avenir face à la Chine ? Suite aux expériences de ces derniers mois en Occident dans le cadre de la guerre en Ukraine, nous serions bien inspirés de soumettre nos rapports avec le troisième partenaire commercial de la Suisse à une analyse factuelle. Dans la dernière étude d'Avenir Suisse intitulée "Navigating Troubled Waters", Patrick Dümmler, Teresa Hug Alonso et Mario Bonato ont examiné les dépendances de la Suisse à l'égard des grandes puissances, notamment de la Chine, et dégagé différentes actions possibles.
Des relations de longue durée malgré des valeurs divergentes
Il est indéniable qu'il existe entre l'Occident et la Chine des divergences fondamentales en termes de valeurs. D'un autre côté, la Suisse et la Chine entretiennent depuis de nombreuses années des relations, même si celles-ci ne sont pas toujours simples. Nous avons non seulement des liens politiques et économiques avec l'Empire du Milieu, mais aussi de nombreux liens sociaux et culturels. La Suisse exporte chaque année 31 milliards de francs de marchandises vers la Chine, pour des importations s'élevant à 19 milliards. La disparition de ce volume d'échanges frapperait durement la Suisse, notamment en raison des quelque 132 000 emplois qui profitent des exportations de biens et de services vers la Chine.
Les investissements directs de la Chine en Suisse ne sont en revanche guère significatifs, même s'ils suscitent toujours une grande attention médiatique : ils ont certes plus que doublé entre 2016 et 2020, mais ne représentaient toujours qu'à peine 1 % de l'ensemble des capitaux étrangers en Suisse en 2019. À titre de comparaison : les investissements directs des Etats-Unis en Suisse s'élèvent à 49 %, ceux de l'UE à 27 %. Le contrôle des investissements, surtout lorsqu'il vise la Chine, n'a donc pas beaucoup de sens.
Le risque pour la Suisse ne vient pas directement de la Chine, mais indirectement de la dégradation du climat géopolitique. Alors qu'en 2000, le commerce extérieur avec les Etats-Unis avait encore davantage d'importance pour la plupart des pays que les échanges avec la Chine, l'Empire du Milieu a entre-temps dépassé les Etats-Unis. La Chine met tout en oeuvre pour poursuivre l'extension de son influence géopolitique à l'échelle mondiale. Pour une petite économie ouverte telle que la Suisse, qui dépend fortement du multilatéralisme, de tels changements sont préoccupants.
Trois scénarios, trois options
Si l'épreuve de force entre les Etats-Unis et la Chine devait dégénérer en embargo commercial, voire en confrontation militaire, la situation deviendrait vite délicate. Dans un tel scénario, la Suisse devrait sans doute chercher un rapprochement économique avec l'Union européenne et les Etats-Unis, risquant ainsi de perdre son troisième partenaire commercial.
Si l'un des grands partenaires commerciaux de la Suisse exigeait d'elle, en cas de dégradation des relations, qu'elle adopte une position plus tranchée contre la Chine, notre pays pourrait envisager une stratégie duale : d'une part, traiter la Chine comme un partenaire et un concurrent économique, et comme un rival systémique, d'autre part. Cette stratégie pourrait s'avérer nécessaire en cas de pressions politiques accrues sur la Suisse.
Quoi qu'il en soit, l'approche pragmatique demeure la meilleure option : diplomatie et sens de la communication. L'économie et la politique fédérale doivent faire preuve d'agilité pour être au besoin en mesure de prendre rapidement des décisions.
La publication est disponible en ligne sur notre site web.
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