Communiqué de presse
FNS: L'absentéisme scolaire a des raisons d'ordre individuel et institutionnel
2006-11-29T08:30:00
Berne (ots) - L'école buissonnière est un problème sous-estimé En Suisse, un élève sur deux sèche occasionnellement l'école, et
5 pour cent des élèves font lécole buissonnière plus de cinq fois
par an. La qualité de l'établissement scolaire et la relation
enseignant-élève jouent un rôle important dans ce problème, comme
le montre une étude soutenue par le Fonds national suisse: le
phénomène n'est en effet pas uniquement individuel mais aussi
d'ordre institutionnel. L'absentéisme scolaire devient un problème sérieux, non
seulement en Allemagne, où le sujet fait des remous dans les
médias, mais aussi en Suisse. Les établissements scolaires
helvétiques et les directions de l'instruction publique tolèrent
pourtant tacitement ce phénomène rarement débattu ouvertement. Les
spécialistes considèrent toujours l'école buissonnière comme un
problème strictement individuel. Margrit Stamm, professeure assistante en pédagogie et en
psychopédagogie à l'Université de Fribourg, s'est penché sur ce
problème à peine étudié en Suisse. Son étude «L'absentéisme
scolaire en Suisse le phénomène et ses conséquences», soutenue
par le Fonds national suisse, se base sur un échantillon aléatoire
de 28 écoles et d'environ 4000 élèves des deux sexes dans neuf
cantons de Suisse alémanique. Les élèves interrogés étaient de
niveaux scolaires différents et avaient entre 12 et 17 ans. 65 pour
cent d'entre eux fréquentaient une école secondaire, une école
régionale ou une classe prégymnasiale. Les résultats obtenus sont les suivants: - Environ 50 pour cent des élèves ont déjà séché l'école au cours
de leur scolarité. En comparaison internationale, ce chiffre se
situe au-dessus de la moyenne.
- Un élève sur trois sèche l'école occasionnellement et a fait au
moins une fois l'école buissonnière au cours du dernier semestre.
- Presque 5 pour cent des élèves ont séché l'école plus de cinq
fois lors du dernier semestre. En Suisse, il y a donc plus d'élèves
qui font régulièrement l'école buissonnière que d'élèves surdouées. On s'aperçoit également que l'absentéisme scolaire commence tôt:
plus d'un tiers des élèves ont séché l'école pour la première fois
entre la quatrième et la sixième année primaire. Il est cependant
impossible de savoir si ce phénomène s'est accentué ou non ces
dernières années. Une chose reste cependant certaine: le phénomène
est sous-estimé. Les enseignants interrogés dans le cadre de
l'étude se trompent nettement sur le comportement de leurs élèves à
cet égard. L'absentéisme scolaire est dissimulé selon les possibilités: les
trois quarts des élèves affirment qu'ils étaient seuls à la maison
et ont feint d'être malades auprès de leurs parents. Dans une
famille sur trois, les parents sont prêts à signer une excuse. Et
un élève sur cinq a déclaré avoir déjà falsifié la signature de ses
parents. 64 pour cent de sondés motivent leur absentéisme en n'ayant «pas
envie daller à l'école», 42 pour cent voulaient dormir davantage
et 40 pour cent affirment que les cours les ennuyaient. Ces
éléments témoignent dune certaine lassitude et dun point de vue
négatif face à l'institution scolaire. Les exigences scolaires
jouent également un rôle. 22 pour cent des élèves ne s'entendent
pas avec leur enseignant et manquent l'école pour cette raison. On
observe aussi des schémas de reproduction de comportement: «Les
autres le font aussi» (19 pour cent). Peu d'élèves invoquent le
mobbing ou des brutalités. Pour Margrit Stamm, ce taux de cinq pour cent d'élèves séchant
régulièrement est très haut. En effet, la moitié de ces élèves sont
d'ores et déjà considérés comme faisant partie d'un groupe à
risque. Ils fréquentent des classes à effectif réduit ou des
filières à exigences élémentaires, ont les plus mauvaises notes en
mathématiques et sont souvent les plus âgés de leur classe étant
donnés leurs fréquents redoublements. Leur prédisposition à des
comportements déliquants est importante. Les facteurs
institutionnels jouent à cet égard un rôle peu favorable: il n'y a
pas que la relation maître-élève qui s'avère mauvaise, le système
de contrôle scolaire est lui aussi quasiment inexistant. Les autres
élèves qui sèchent régulièrement l'école (37 pour cent) sont à
considérer comme instables. Ils ne présentent pour l'instant aucun
facteur de risque pour une évolution problématique. Mais dans leur
cas aussi, l'absence de tout système de contrôle efficace des
absences est frappant, tout comme le fait que ces élèves qualifient
de « mauvaise » la relation maître-élèves. Les élèves qui s'ennuient ou qui se sentent insuffisamment
sollicités à un niveau scolaire supérieur forme le plus petit
groupe (13 pour cent). Ils fréquentent des établissements où le
contrôle des absences est faible. Leur relation au corps enseignant
est qualifiée de bonne. Ces résultats montrent clairement que l'absentéisme scolaire ne
doit pas être considéré seulement comme un phénomène individuel,
mais qu'il s'agit d'un problème qui est aussi lié aux institutions.
Manifestement, la qualité et l'organisation de l'établissement
jouent un rôle important. M. Stamm recommande dès lors aux
établissements scolaires et aux directions de l'instruction
publique de considérer à l'avenir ce problème comme un devoir
pédagogique majeur. Une réflexion sur le modèle relationnel et les
particularités de l'enseignement doit être menée. Un système
efficace de contrôle des absences devrait être également mis en
place: des écoles et des enseignants attentifs, qui ne ferment pas
les yeux sur les problèmes, sont la meilleure des stratégies de
prévention. Publications: Stamm, M. (2006). «Schulabsentismus. Anmerkungen zu
Theorie und Empirie einer vermeintlichen Randerscheinung
schulischer Bildung», in Zeitschrift für Pädagogik, 2, pp 285-303. Stamm, M. (2006). «Schulabsentismus: Eine unterschätzte
pädagogische Herausforderung». A paraître dans le prochain numéro
de la revue Die Deutsche Schule. Renseignements sur létude:
Prof Dr. Margrit Stamm
Université de Fribourg, Département des sciences de l'éducation
Chaire de pédagogie et de psychopédagogie
Rue Faucigny 2, CH-1700 Fribourg
tél: +41 (0)26 300 75 60, e-mail: margrit.stamm@unifr.ch Le texte de ce communiqué de presse est disponible sur le site
internet du Fonds national suisse: http://www.snf.ch/communique
Permalink:
https://www.presseportal.ch/fr/pm/100002863/100520629
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