Communiqué de presse
FNS: Logiques de l'engagement partisan à l'UDC
2007-05-14T10:00:00
Berne (ots) - Pas de profil unique L'Union démocratique du centre (UDC) n'est pas le parti homogène
que l'on croit. Si ses militants se rassemblent autour des
questions de la suspicion envers les étrangers et de l'attachement
fort à la nation, les raisons de leur engagement sont complexes. Il
ne faut donc pas les confondre avec les orientations officielles du
parti. Ces résultats proviennent d'une étude réalisée dans le cadre
du Programme national de recherche «Extrémisme de droite causes
et contre-mesures» (PNR 40+). Pour analyser le phénomène de l'extrémisme de droite, la
recherche internationale analyse toujours aussi son rapport au
populisme de droite. De même, un projet mené dans le cadre du
Programme national de recherche «Extrémisme de droite causes et
contre-mesures» (PNR 40+) a analysé, parmi les grands partis
nationaux, celui qui est le plus à droite de l'échiquier politique
suisse et qui use du populisme de droite. Dans leur étude «Rapports
aux valeurs et engagements populistes de droite en Suisse»,
Philippe Gottraux, Cécile Péchu et Oscar Mazzoleni de l'Institut
d'études politiques et internationales (IEPI) de lUniversité de
Lausanne ont cherché à approfondir les raisons, notamment
idéologiques, poussant des individus à s'engager dans l'Union
démocratique du centre (UDC). L'analyse quantitative des enquêtes électorales Selects de 1999
et 2003 a en effet montré que la plus grande proportion d'électeurs
ayant des valeurs et des attitudes dites «conservatrices de droite»
et «anti-establishment» se concentre dans l'UDC. Cette analyse a
aussi souligné que les électeurs de ce parti sont divisés face au
libéralisme économique. A partir de cette analyse, les chercheurs
ont mené des entretiens approfondis auprès de militants des cantons
de Zurich et de Genève. Ils les ont complétés par des observations
lors de réunions, d'assemblées publiques et de stands
d'informations
du parti. Logique du soupçon
L'étude qualitative de Gottraux, Péchu et Mazzoleni menée dans le
PNR montre que les militants UDC se rejoignent sur deux thèmes
principaux. Premièrement, celui de l'immigration, de l'asile et des
étrangers est systématiquement présent dans leur discours. Une
logique du soupçon pèse sur les étrangers, considérés comme un
problème. Ces derniers doivent alors attester qu'ils n' «abusent»
pas, prouver une véritable intégration, démontrer leur mérite par
le travail, manifester de la reconnaissance à la Suisse et ne pas
trahir la confiance accordée. Pour les chercheurs, ce raisonnement
renforce non seulement l'exclusion des étrangers mais aussi
d'autres groupes fragilisés dans la société, comme les chômeurs ou
les bénéficiaires de rentes AI. Ils recommandent donc aux autorités
politiques, administratives et médiatiques d'user avec prudence de
la notion d' «abus», surtout envers les personnes marginalisées. Deuxièmement, les démocrates du centre manifestent un
attachement fort à la nation, basé sur une fierté particulière
d'être Suisse, avec la valorisation du «Sonderfall» helvétique dans
toutes ses dimensions: culturelle (valeurs et pratiques), politique
(démocratie directe, idéalisation du rôle du «Peuple» dans le
processus de décision, neutralité, fédéralisme), religieux
(civilisation chrétienne) et économique (réussite économique). En
résulte un sentiment d'incompréhension, voire de colère face aux
critiques provenant de l'extérieur mais aussi de lintérieur du
pays. Fédérateurs, ces deux thèmes sont toutefois déclinés
différemment selon le contexte et les caractéristiques sociales des
individus interrogés. A Zurich par exemple, où le débat sur
l'immigration est plus tendu et autorise plus d'hostilité
manifeste, les militants ont été sensibles plus spontanément à une
présumée menace de l'islam qu'à Genève. Le thème de la défense
identitaire de la Suisse a, lui aussi, été exprimé différemment.
Cette question a été survalorisée par certains militants, au point
dêtre à l'origine de leur engagement à l'UDC ou, plus rarement,
considérée comme de faible importance par ceux dont le parcours est
atypique, comme certains militants naturalisés. Différences de valeurs
L'orientation idéologique ouvertement néolibérale de l'UDC n'est
pas défendue par l'ensemble des militants. Par ailleurs, la
critique du système politique, des politiciens et des élites n'est
pas systématique. Si les militants UDC valorisent le système
politique suisse, certains d'entre eux sont cependant déçus de son
fonctionnement effectif car ils ont le sentiment que la volonté
populaire n'est pas respectée. Enfin, une minorité des militants
interrogés a manifesté spontanément des formes d'ouverture
au «libéralisme culturel» (égalité hommes-femmes, droits des
minorités sexuelles, dépénalisation du cannabis,
notamment). Ces différences de valeurs font dire aux chercheurs qu'il serait
faux de confondre les motifs d'engagement avec les orientations
officielles du parti. Contrairement au cliché de «neinsager»
xénophobe associé à l'UDC, il n'y a pas de profil unique de ses
militants, mais une pluralité de profils qui repose sur les
caractéristiques sociales et le vécu des personnes, par ailleurs
issues de toutes les classes sociales. Contact :
Dr. Philippe Gottraux
Institut dEtudes Politiques et Internationales (IEPI)
Université de Lausanne
Bâtiment Anthropole
CH-1015 Lausanne
tél : +41 (0)21 692 31 33
e-mail : Philippe.Gottraux@unil.ch Le Programme national de recherche «Extrémisme de droite causes
et contre-mesures» (PNR 40+)
Lancé en 2003 sur mandat du Conseil fédéral, le PNR 40+ vise à
comprendre les conditions d'origine, les formes d'expression, les
caractéristiques de propagation et les conséquences des attitudes
et activités d'extrême droite en Suisse. Les résultats
scientifiques sont des fondements pour des stratégies davenir dans
la gestion de l'extrémisme de droite aux niveaux communal, cantonal
et fédéral. En outre, le programme établit une correspondance avec
des recherches menées dans d'autres États en rapport avec cette
thématique.
www.nfp40plus.ch Le texte de ce communiqué de presse est disponible sur le site
internet du Fonds national suisse:
http://www.snf.ch > F > Médias > Communiqués de presse
Permalink:
https://www.presseportal.ch/fr/pm/100002863/100532813
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