Communiqué de presse
FNS: Extrémisme de droite dans l'opinion publique
2007-05-14T10:10:00
Berne (ots) - Comment les médias et l'extrême droite profitent
l'un de l'autre En couvrant les actions mises en scène par les groupes d'extrême
droite, les médias leur accordent une très grande attention. Briser
les tabous fait grimper l'audimat et le lectorat. Cette couverture
parfois très large exerce une pression sur la classe politique pour
qu'elle prenne des mesures. Mais ce traitement médiatique pour
capter à court terme l'attention du public empêche les médias de
mener un examen critique et de proposer des discussions nuancées.
Sur le long terme, la culture politique de la Suisse s'en trouve
affaiblie. C'est la conclusion tirée par une étude du Programme
national de recherche «Extrémisme de droite - causes et contre-
mesures» (PNR 40+). Ces dernières années, c'est surtout à l'occasion d'événements
mis en scène par les extrémistes de droite, suivis d'appels au
scandale des médias et des hommes politiques, que l'extrémisme de
droite est devenu un sujet de discussion publique. Dans ces
conditions, un débat bien fondé ne peut être mené. C'est la presse
de boulevard qui a avant tout tendance à présenter le sujet de
façon subjective et émotionnelle, ce qui fait le jeu des formations
d'extrême droite à l'affût de publicité. C'est la conclusion que
tirent les chercheurs en communication zurichois Linards Udris,
Patrik Ettinger et Kurt Imhof dans leur étude menée dans le cadre
du Programme national de recherche «Extrémisme de droite - causes
et contre-mesures» (PNR 40+). Leur recherche repose sur une analyse
des principaux médias suisses et des discussions parlementaires des
années soixante à 2005, avec une étude approfondie depuis 1998.
Par « extrême droite », les auteurs désignent les groupes qui, à la
différence des partis populistes de droite, rejettent l'Etat
démocratique constitutionnel et préconisent l'usage de la violence
pour arriver à leurs fins. Des positions mises au ban
L'instrumentalisation mutuelle à laquelle se livrent médias et
politique d'une part, politique et extrême droite d'autre part, a
pour conséquence que l'opinion accorde une plus grande attention au
thème de l'extrémisme de droite. Des mises en scènes telles que les
rassemblements au Grütli s'inscrivent fort bien dans les nouvelles
logiques médiatiques et apportent une attention accrue aux acteurs
d'extrême droite. Cela dit, leurs positions et modes dexplication
ne suscitent pas l'adhésion et sont généralement rejetées. De son
côté, l'extrême droite peut sarroger
des sujets surtout exploités par le populisme de droite, comme
l'Union démocratique du centre (UDC) et les Démocrates suisses, qui
bénéficient d'une attention croissante dans les médias depuis le
milieu des années nonante: «criminalité des étrangers», «abus du
droit d'asile», critique à l'adresse de la «classe politique» et
des organisations supranationales, ainsi que les débats
controversés autour du rôle de la Suisse pendant la Deuxième guerre
mondiale. Si les médias traitent toujours plus le thème de l'extrémisme de
droite, ils le font de façon ponctuelle et souvent superficielle.
Les auteurs expliquent ce phénomène par deux facteurs principaux:
en premier lieu, l'influence croissance de l'économie sur le
paysage médiatique à l'oeuvre depuis les années huitante ainsi que
le déclin de la presse de partis remplacés par des entreprises de
médias indépendantes. Les médias sont ainsi soumis à une forte
concurrence en termes de tirage et d'audimat. L'extrémisme de
droite, phénomène spectaculaire en ceci qu'il brise les tabous,
s'est fait dès lors fortement médiatisé. En second lieu, le paysage
politique s'est fortement polarisé, surtout depuis les années
nonante. La gauche et l'UDC se livrent un combat relayé avec
intérêt par les médias, où le reproche de l'extrémisme est une
frappe utilisée pour discréditer son opposant. Affaiblissement de la confiance accordée à la politique
La présence parfois forte du thème de l'extrême droite dans les
médias exerce une pression sur le monde politique et l'incite à
adopter des mesures à l'encontre de l'extrême droite. Pourtant, les
mass-média n'arrivent plus à s'acquitter de leur mission de
sensibiliser durablement la classe politique aux problèmes de
société, car leur traitement de l'extrémisme de droite est trop
empreint d'alarmisme et de sensationalisme. Les médias et les
personnalités politiques discutent trop peu des causes sociales de
l'extrémisme de droite et des solutions politiques à lui donner.
L'efficacité des mesures adoptées est trop rarement soumise à un
examen critique. Une fois le premier émoi passé, les médias se
tournent vers d'autres thèmes plus porteurs. On assiste ainsi à une
opposition entre les attentes créées et les réactions effectives.
Sur le long terme, ce traitement médiatique met en danger la
culture politique et mine la confiance accordée à la politique pour
résoudre les problèmes. C'est pourquoi les auteurs conseillent aux professionnels des
médias de suivre le thème de l'extrémisme de droite avec sérieux et
dans un esprit critique, cela en reconsidérant leur façon de le
traiter et sans tomber dans le jeu des mises en scènes initiées par
l'extrême droite. Aux hommes et femmes politiques, les auteurs
recommandent d'éviter l'usage inflationniste du reproche
d'extrémisme. De façon générale, tant les médias que le monde
politique devraient prendre conscience du fait que les formations
d'extrême droite, par les thèmes qu'elles véhiculent, peuvent se
rattacher aux discours établis portant par exemple sur la position
de la Suisse dans le monde ou sur le rapport aux immigrés et aux
opposants politiques. Contact :
lic. phil. Linards Udris
fög Forschungsbereich Öffentlichkeit und Gesellschaft
(Département de recherche opinion publique et société)
Université de Zurich
Andreasstrasse 15
CH-8050 Zurich
tél : +41 (0)44 635 21 17
e-mail : linards.udris@foeg.unizh.ch Le Programme national de recherche «Extrémisme de droite causes
et contre-mesures» (PNR 40+)
Lancé en 2003 sur mandat du Conseil fédéral, le PNR 40+ vise à
comprendre les conditions d'origine, les formes d'expression, les
caractéristiques de propagation et les conséquences des attitudes
et activités d'extrême droite en Suisse. Les résultats
scientifiques sont des fondements pour des stratégies d'avenir dans
la gestion de l'extrémisme de droite aux niveaux communal, cantonal
et fédéral. En outre, le programme établit une correspondance avec
des recherches menées dans d'autres États en rapport avec cette
thématique. www.nfp40plus.ch Le texte de ce communiqué de presse est disponible sur le site
internet du Fonds national suisse:
http://www.snf.ch > F > Médias > Communiqués de presse
Permalink:
https://www.presseportal.ch/fr/pm/100002863/100532824
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