Communiqué de presse
FNS: Image du mois juin 2007: La résine, antibactérien préféré des fourmis
2007-06-21T10:00:00
Berne (ots) - Taux de survie multiplié par deux La résine, antibactérien préféré des fourmis Quatre ans après avoir démontré que les fourmis des bois utilisaient
de la résine contre des bactéries et des champignons pathogènes, des
chercheurs de l'Université de Lausanne, soutenus par le Fonds
national suisse, prouvent que grâce à cette stratégie, elles sont
deux fois plus nombreuses à survivre. C'est la première fois que
l'on met en évidence qu'une substance végétale collectée par des
animaux sauvages augmente leur taux de survie quand ils sont exposés
à des pathogènes. Cela fait des années que Michel Chapuisat et Philippe Christe,
chercheurs au Département d'Ecologie et d'Evolution de l'Université
de Lausanne, les observent dans le Jura vaudois. C'est là que les
fourmis des bois Formica paralugubris se livrent à un bien étrange
ballet. Elles recueillent entre leurs mandibules des boulettes de
résine (d'une taille pouvant atteindre 7 à 8 mm de diamètre) sur les
épicéas voisins ou sur le sol. Puis, guidées par des pistes
olfactives, elles les déposent un peu partout dans leur fourmilière. La stratégie n'est pas sans rappeler des observations menées dès les
années 1980, montrant des oiseaux qui garnissent leur nid de
matériel végétal contenant des substances volatiles ayant des effets
antiparasitaires. Or, ceci est bien le cas pour la résine, comme
l'avaient déjà mis en évidence Michel Chapuisat et Philippe Christe
en 2003. "Notre article montrait que la résine diminue le nombre de
bactéries et de champignons présents dans le nid. Mais jusqu'à
présent aucun travail n'avait relevé d'effet clair à la fois contre
les parasites et sur la survie", rappelle Michel Chapuisat. Une
lacune désormais comblée. Avec leurs collègues Anne Oppliger du
Département Universitaire de Médecine et Santé Communautaires de
Lausanne et Pasqualina Magliano, le duo d'écologistes vient de
publier ses résultats dans les Proceedings of the Royal Society B*. Les chercheurs se sont intéressés à deux sortes de pathogènes fort
célèbres dans le monde de la biologie: la bactérie Pseudomonas
fluorescens et le champignon Metarhizium anisopliae. Même si elle
est généralement considérée comme bénigne, P. fluorescens présente
une toxicité variable selon les lignées. L'une d'elles s'avère
mortelle pour les larves et les pupes de moustiques, tandis qu'une
autre tue des larves de coccinelle. Quant à M. anisopliae, très
répandu en Suisse, ses spores germent sur la cuticule de nombreuses
espèces d'insectes (sauterelles, coléoptères, moustiques, etc.)
dont, bien sûr, les fourmis des bois. Or, la résine inhibe la croissance des deux micro-organismes, ainsi
que l'ont confirmé des tests in vitro entrepris par Michel Chapuisat
et ses collègues. Même si le mode d'action précis de la résine n'est
pas formellement identifié, il est à chercher du côté des composés
volatiles relâchés par la sève ambrée qui freinent la prolifération
des bactéries et des champignons. De plus, la résine étant riches en
terpènes et autres composés oléiques, son spectre d'application
pourrait s'étendre à d'autres micro-organismes. La protection
offerte, particulièrement pendant le stade larvaire, augmente très
probablement la productivité des colonies qui peuvent vivre
plusieurs dizaines d'années. La population de fourmis, prélevée dans huit nids du Jura vaudois,
se composait d'une septantaine de reines et de milliers d'ouvrières.
Les nouveaux nés de la colonie ont été soumis à différents
traitements. Les résultats sont éloquents: "Le taux de survie des
adultes et des larves exposés aux bactéries Pseudomonas fluorescens
est environ deux fois plus élevé en présence de résine. Ceci est
également vrai pour les larves exposées au Metarhizium, précise
Philippe Christe. C'est la première fois que l'on prouve que la
collecte de substances d'origine végétale par des animaux sauvages
augmente leur survie quand ils sont exposés à des pathogènes." En
l'absence de pathogène en revanche, la sève de conifère n'a aucun
effet sur les fourmis, ni positif, ni négatif. Le recours aux propriétés médicinales de la résine ne se limite
cependant pas aux fourmis. Des abeilles en feraient également usage,
en colmatant les fentes des ruches avec de la "propolis", une sorte
de résine extraite des bourgeons et des écorces de certains arbres.
Mais personne n'en a pour l'instant montré d'effet positif sur la
survie des abeilles. Pour en savoir plus:
*article original:
http://www.journals.royalsoc.ac.uk/content/g1474wn472704033/ Contact :
Dr Michel Chapuisat
Département d'Ecologie et d'Evolution
Biophore, Quartier Sorge
Université de Lausanne
CH-1015 Lausanne
e-mail: michel.chapuisat@unil.ch
tél: +41 (0)21 692 41 78
fax: +41 (0)21 692 41 65 Dr Philippe Christe
Département d'Ecologie et d'Evolution
Université de Lausanne
Biophore, Quartier Sorge
CH-1015 Lausanne
e-mail:philippe.christe@unil.ch
tél: +41 (0)21 692 41 57
fax: +41 (0)21 692 41 65 Le texte et l'image de cette information peuvent être téléchargés
sur le site web du Fonds national suisse: http://www.snf.ch > F >
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