PD: La CER a achevé lexamen du Nouveau régime financier et du dossier «
imposition des alcopops »
Lors de sa séance des 23 et 24 juin 2003, la CER du Conseil
national a apporté sa contribution au programme dallègement
budgétaire ainsi quà la prévention de lalcoolisme des jeunes en
proposant une augmentation de limposition des alcopops. La
commission a par ailleurs examiné le nouveau régime financier, qui
réglera au moins jusquen 2020 les fondements de la Confédération en
la matière. La CER a également examiné le rapport du Conseil fédéral
sur les importations parallèles.
I. Nouveau régime financier
1. Contexte
L'impôt fédéral direct et la taxe sur la valeur ajoutée
sont les principales sources de revenus de la Confédération. Jusqu'à
présent, le régime financier devait périodiquement faire l'objet
d'une mise à jour et être soumis au vote du peuple. Le nouveau
régime financier vise trois objectifs: premièrement, garantir dans
la durée les deux principales ressources que sont la TVA et l'IFD;
deuxièmement, mettre la Constitution fédérale à jour; et
troisièmement, simplifier le système fiscal. Le Conseil fédéral ne
propose pas d'augmentation des taux d'imposition. La CER-N a décidé
à lunanimité dentrer en matière.
2. Propositions de la commission
Modification du taux dimposition des sociétés (Art. 128, al. 1,
let. b Cst.): Le Conseil fédéral propose de fixer, dans une optique
de sécurité juridique, le taux dimposition des sociétés à 8,5%
(taux actuel). Les propositions de maintien du droit en vigueur
(9,8%) en vue de constituer une réserve en prévision de la deuxième
réforme de limposition des sociétés et les propositions de
diminution du taux dimposition des sociétés à 8% ont été rejetées
(dans les deux cas par 15 voix contre 6).
Ancrage du principe de la neutralité de la quote-part fiscale en cas
de modification des taux dimposition au niveau fédéral: Dans un
contexte daugmentation des taux de TVA, des propositions ont été
déposées visant à ce quen cas de modification des taux dimposition
au niveau fédéral ou de modification du système fiscal impliquant
une augmentation de la charge fiscale, il conviendrait de compenser
cette dernière, p. ex. par une diminution de limpôt fédéral direct.
La majorité rejette notamment en raison de lévolution
démographique dimposer un cadre à ce point restrictif aux
finances fédérales, de même quelle rejette de lier la question de
la neutralité de la quote-part fiscale à celle de la poursuite du
nouveau régime financier. Une telle disposition serait de toute
façon superflue, puisque toute augmentation du taux dimposition est
soumise au vote du peuple.
Taux dimposition spécial applicable au secteur de lhébergement
(Art. 130, al. 1bis Cst.): le projet du Conseil fédéral prévoit un
abandon du taux spécial à compter de 2006 (rentrées fiscales
estimées à environ 150 millions de francs). Le Conseil des Etats
avait décidé quil serait possible dinstaurer un second taux réduit
se situant entre le taux normal et le taux réduit. Par 12 voix
contre 8, la CER-N sest ralliée à cette position : en effet, non
seulement le secteur du tourisme est extrêmement dépendant de la
volatilité du franc suisse, mais la concurrence étrangère bénéficie
elle aussi de taux d'imposition réduits. La minorité a estimé de son
côté quil convenait de supprimer le taux dimposition spécial,
puisquil sagit en fait dune subvention masquée.
Affectation de 5% du produit non affecté de la TVA à la réduction
des primes d'assurance-maladie (art. 130, al. 3 Cst.): Comme
précédemment, le Conseil fédéral propose que 5% du produit non
affecté de la taxe soient employés pour réduire le montant des
primes d'assurance-maladie. Cette mesure est destinée à alléger la
charge pesant sur les bas revenus, comme la Constitution le prévoit
pour compenser le caractère non progressif de la TVA. Le Conseil des
Etats a décidé que cette mesure serait effective pour toute la durée
de validité du NRF, sauf si une loi fédérale devait fixer une
utilisation différente des fonds concernés au profit des bas
revenus.
Limitation dans le temps de la validité du Nouveau régime financier:
Alors que le Conseil fédéral propose de ne plus limiter dans le
temps la validité du NRF, le Conseil des Etats a décidé que celle-ci
arriverait à échéance en 2020. La CER-N s'est ralliée à cette
décision par 13 voix contre 9, convaincue elle aussi de la nécessité
de pouvoir faire le point à intervalles réguliers sur la fiscalité,
et de consulter sur ce sujet le peuple et les cantons. De même que
le régime financier en vigueur a une durée de validité fixée à 12
ans, la CER-N propose que le NRF ne soit applicable que jusqu'en
2020.
II. Alcopops
Afin de lutter contre la consommation dalcool auprès des jeunes, le
Conseil fédéral propose, dans son message (03.019), daugmenter de
300% limpôt sur lalcool prélevé sur les alcopops (à savoir une
charge fiscale passant de 50 centimes par bouteille à 1,8
francs-2 francs). Lors de la session dété, le Conseil des Etats a
approuvé sans opposition la proposition du Conseil fédéral.
Relevant que ces boissons alcoolisées ont un énorme succès auprès
des jeunes (certains étant âgé de seulement 12, voire 10 ans) et
posent un grave problème de santé publique, la commission est entrée
en matière sans opposition sur le projet. Augmenter leur prix par le
biais dune hausse de limpôt est, de lavis de la CER-N, une mesure
efficace par rapport à ce public. Lexemple de la France, qui a
également introduit un impôt spécial pour ces boissons, le prouve,
les producteurs ayant renoncé à les mettre sur le marché suite à la
baisse de la demande. La commission na en revanche pas été unie sur
la question limportance de laugmentation : à ce sujet, une
proposition de se contenter dune hausse de 100% a été repoussée par
13 voix 10. Selon les partisans de cette proposition, une hausse
moins importante est suffisante pour atteindre leffet désiré et a
surtout lavantage de ne pas pénaliser par un impôt à leurs yeux
prohibitif ceux qui ont un comportement de consommation responsable.
Selon la majorité, seule une augmentation substantielle permettra
dobtenir leffet désiré, ainsi que le prouvent les expériences
faites à létranger. Au vu des conséquences extrêmement dommageables
de la consommation de ces boissons auprès des jeunes, la majorité
est de lavis quil ne serait pas responsable de se contenter de
demi-mesure.
III. Importations parallèles
1. Contexte Fin 1999, le Tribunal fédéral a rendu son arrêt dans
laffaire opposant Kodak SA à Jumbo Markt SA. Il a comblé une lacune
de la législation en matière de droit des brevets en se prononçant
en faveur du principe de l'épuisement national. Par le postulat
(00.3612) «Importations parallèles. Rapport sur la problématique de
lépuisement dici la fin de 2002», le Conseil fédéral a été chargé
de présenter les résultats des études supplémentaires quil estimait
nécessaires dans un rapport, rapport qua examiné la commission dans
sa séance daujourdhui.
Il ressort du rapport, qui se fonde sur trois études aprofondies,
que si le principe de lépuisement international se justifie du
point de vue de la théorie économique, son introduction naurait
quun effet bénéfique minime sur lensemble de léconomie
puisquelle induirait une croissance supplémentaire du PIB de
seulement 0,0% à 0,1%. Cela ne suffirait pas à contrebalancer les
signaux négatifs aux plans national (La Suisse comme place de
recherche) et international (aucune différenciation de prix pour les
pays du Tiers-Monde et risque de cessation des livraisons). Le
Conseil fédéral rejette donc le principe de lépuisement
international. Quant à lépuisement régional, limité à lUE, il ne
peut pas être décidé unilatéralement et doit passer par la
conclusion dun accord bilatéral avec lUE.
Au vu de cette constatation, le Conseil fédéral préconise, par une
éventuelle modification de la loi, des mesures qui enrayeraient
lutilisation abusive des droits conférés par les brevets.
Linterdiction dabuser de ces droits, déjà ancrée dans la loi
révisée sur les cartels (Art. 3, al. 2) et complétée par les
nouvelles dispositions sur les accords verticaux (art. 5, al. 4
LCart) pourrait ainsi être renforcé par une disposition spécifique :
cest ainsi que des produits bénéficiant de multiples protections au
titre de biens immatériels (p.ex. le flacon de parfum, au bénéfice
de la protection de la marque, mais dont le vaporisateur est protégé
par un brevet) ne pourraient plus bénéficier de la protection des
brevets si la nature de la partie protégée par le brevet est
dimportance mineure par rapport au produit lui-même.
2. Suite de la démarche
Aux yeux de la commission, lépuisement international nest pas à
lordre du jour. Par la voix prépondérante du président (12:12) la
commission transmet un postulat par lequel le Conseil fédéral est
prié de présenter, dici le milieu de 2004, un rapport sur
lépuisement régional, rapport sur la base duquel plus tard soit
après les négociations bilatérales II les négociations avec lUE
pourraient, le cas échéant, être lancées sur le sujet. La question
des prix administrés sagissant des produits pharmaceutiques ferait
lobjet dune analyse séparée. La minorité de la commission a rejeté
le postulat car il estime inapproprié de mettre en danger la Suisse
en sa qualité de pôle de recherche et de lieu de production.
La commission s'est réunie les 23 et 24 juin 2003 à Berne, sous la
présidence de M. le conseiller national Jean-Philippe Maitre
(PDC/GE) et pour partie en présence de M. le conseiller fédéral
Kaspar Villiger.
Services du Parlement
Renseignements:
- M. Jean-Philippe Maitre, président de la commission,
n° tél.: 022 / 703 47 50
- M. Stefan Brupbacher, secrétaire de la commission,
n° tél.: 079 / 789 13 81
- M. Alexandre Füzesséry, secrétaire adjoint de la commission,
n° tél.: 031 / 322 98 58
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