La vipère d'Orsini menacée: La Suisse retire la réserve qu'elle avait déposée à la CITES
Berne (ots)
La population de vipères d'Orsini (Vipera ursinii) vivant en Europe de l'Ouest a été inscrite à l'annexe I de la CITES lors de la 6e Conférence des Parties qui s'est tenue en 1987 et le commerce en est totalement interdit depuis lors. La Suisse, qui avait déposé à l'époque une réserve pour des raisons de fond, l'a maintenant retirée au vu des modifications décisives qui sont intervenues dans les conditions de vie de cette espèce.
Lors de la 6e conférence des Etats parties à la CITES qui a eu lieu en 1987, la vipère d'Orsini (Vipera ursinii) 1) - ou plus exactement la population marginale de cette espèce vivant en Europe de l'Ouest - a été inscrite à l'annexe I 2) de la CITES, bien qu'elle fût moins menacée par le commerce que par le développement de l'agriculture mettant en péril son habitat. De plus cette espèce était déjà suffisamment protégée par des lois nationales, par la convention de Berne 3) et les mesures prises dans l'aire de répartition. L'inscription à l'annexe I était en outre discutable du fait que l'espèce concernée ne remplissait pas les "critères de Berne" puisque dans son aire de répartition principale, à savoir l'ex-Union soviétique, elle n'était nullement menacée. Pour toutes ces raisons, la commission technique avait recommandé à l'organe de gestion CITES suisse de déposer une réserve 4). La commission argumenta aussi en disant que la distinction artificielle de plusieurs degrés de protection au sein de l'espèce rendait difficilement applicables les dispositions de la CITES à la frontière: les vipères d'Orsini provenant de Russie ne peuvent être distinguées de celles qui proviennent de l'Europe de l'Ouest; de plus, il est très difficile de distinguer la vipère d'Orsini d'autres espèces de vipéridés (vipère aspic, péliade).
Aux termes de l'article XV de la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction, toute Partie peut, dans un délai de 90 jours, déposer une réserve concernant les amendements des annexes. Comme bon nombre d'autres pays, la Suisse a déjà fait usage de ce droit à plusieurs reprises et déposé des réserves sur recommandation de la commission technique en en indiquant les raisons. Elle l'a toujours fait dans l'idée d'assurer le maximum d'efficacité à l'exécution de la CITES et d'éviter que les annexes ne dégénèrent en des listes interminables de noms d'espèces. Les réserves sont réexaminées régulièrement en fonction de critères biologiques et commerciaux définis, et si les circonstances font qu'un retrait est judicieux, elles sont retirées. C'est ce que la Suisse vient de faire en ce qui concerne la vipère d'Orsini (Vipera ursinii).
Il est apparu en effet que les conditions de vie de la vipère d'Orsini se sont modifiées de manière décisive au cours des 14 dernières années. La pression commerciale sur la population vivant en Europe de l'Est a fortement augmenté - notamment en raison de l'ouverture des frontières à l'Est - au point que l'IUCN 5) considère maintenant l'espèce comme "menacée" dans son ensemble. De plus, la commission technique est en possession d'une étude scientifique hongroise non encore publiée 6) selon laquelle la consanguinité dans les petites populations d'Europe de l'Est met en péril la survie de l'espèce en quelques endroits de son aire de répartition. Au vu de cette situation défavorable, la commission technique suisse est arrivée à la conclusion que les conditions pour une inscription à l'annexe I sont remplies et elle a recommandé à l'organe de gestion de retirer la réserve qu'il avait déposée, bien que les problèmes d'identification demeurent. Aussi le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a-t-il communiqué le 10 avril 2001 que la Suisse avait retiré avec effet au 5 avril 2001 sa réserve relative à Vipera ursinii - 216.
Notes:
1) Vipera ursinii (vipère d'Orsini ou vipère des steppes) Longueur moyenne 45 cm, au maximum 65 cm. Vipera ursinii (vipère d'Orsini) est l'un des plus petits serpents venimeux d'Europe et de l'Asie du Sud-Ouest. Elle a un corps épais et une courte queue. La tête est ovale, étroite et bien distincte, le museau est arrondi et n'est pas relevé ou ne l'est que légèrement. Les yeux sont petits, la pupille verticale. Les écailles courtes et en forme de quille donnent au serpent un aspect rêche. La coloration du dos est grise, jaunâtre, verdâtre ou brunâtre avec un motif en zig-zag parfois discontinu. Le ventre est souvent grisâtre, pourvu parfois de petites taches sombres. On remarque une ligne sombre de chaque côté de la tête située entre l'il et la commissure des lèvres. Source: www.cites.ch/artenschutz/d/vollzugshilfen/as112/viperidae/1_index. html
2) Annexe I de la CITES: L'annexe I mentionne les espèces menacées d'extinction dont le commerce international risquerait de menacer encore davantage la survie. Le commerce de ces espèces est en principe interdit. Il s'ensuit que l'importation en Suisse n'est pas permise. Des dérogations (avec autorisation) sont admises à des fins d'élevage et de recherche.
3) La convention de Berne: l'objectif de cette convention européenne est de protéger certaines espèces particulières de faune et de flore inscrites dans trois annexes, de même que leurs habitats. www.buwal.ch/inter/e/ea_bern.htm
4) Réserve CITES: le pays qui a déposé une réserve est considéré comme n'étant pas Partie à la convention en ce qui concerne le commerce de l'espèce visée et n'est donc pas lié par la décision qui concerne cette espèce.
5) IUCN: The World Conservation Union (www.iucn.org)
6) B. Ujvari, T. Madsen, T. Kotenko, M. Olsson, R. Shine, H. Wittzell: «Low genetic diversity threatens imminent extinction for the Hungarian Meadow Viper (Vipera ursinii rakosiensis)»
Contact:
Office vétérinaire fédéral, Thomas Althaus, Autorisations et
inspections, tél. +41 31 323 85 08.