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Département fédéral de l'économie

La politique et la politique économique

Discours du Conseiller fédéral Pascal Couchepin,
Mesdames, Messieurs, Je voudrais tout d'abord remercier les Clubs
services du Valais romand et de la Riviera vaudoise d'avoir organisé
cette rencontre. Vous appartenez au groupe de ceux dont on dit qu'ils
font l'opinion publique. Il est donc important d'avoir un dialogue
avec vous. Raison pour laquelle je souhaiterais aussi laisser une
large part à la discussion et aux questions.
D'autre part, je souhaiterais aussi en complément du thème général
de la soirée dire quelques mots sur la position de mon Département
face à la crise dite de la vache folle. L'actualité nous l'impose.
Tout d'abord le volet de politique économique de cette soirée. Quelle
politique économique devons-nous mener pour aborder avec succès les
premières années du 21e siècle?
Partons des faits. Tout d'abord, je constate avec vous que la
Suisse est dans le peloton de tête quant au revenu par habitant dans
le monde.
En terme nominal, notre revenu est l'un des tout premiers de la
planète. En terme réel, au vu du coût de la vie ici, nous perdons
probablement quelques places.
Deuxième fait, la croissance l'an passé a été élevée, à 3,3%. Elle
sera moins forte cette année, environ 2,3%, mais un pays exigu, dont
la réserve de main-d'œuvre est très limitée, qui a déjà atteint un
très haut niveau de vie, ne peut pas espérer, sans risque
d'inflation, atteindre de très hauts taux de croissance. Nous
estimons le taux de croissance souhaitable pour la Suisse entre 1,5
et 2,5% l'an.
Le taux de chômage est bas. Il est proche du plein emploi. Nous
estimons qu'il sera légèrement en dessous de 2% cette année et l'an
prochain. Si ces prévisions se réalisent, au milieu de l'année 2003
nous aurons remboursé à la Caisse fédérale la totalité des dettes
accumulées par l'assurance-chômage durant la période de récession.
Lorsque les dettes seront remboursées, nous souhaitons réduire de 1%
la cotisation à l'assurance-chômage.
L'espoir est d'avoir encore le temps, avant la prochaine
récession, d'accumuler quelques réserves, de telle sorte que l'on ne
soit plus obligé d'augmenter en pleine récession les taux de
cotisa-tions, ce qui est mauvais économiquement.
Autre fait à observer: l'économie suisse est une des plus
globalisées de la planète. Un franc sur deux est gagné à
l'exportation. Mais, nouveauté par rapport à la situation d'il y a
vingt ou trente ans, la distinction entre l'économie interne et
l'économie d'exportation devient de plus en plus artificielle. En
effet, du fait de la globalisation, les entreprises ont beaucoup plus
de facilité à se déplacer qu'autrefois. Elles le font pour des
raisons fiscales, des raisons sociales, des raisons économiques ou de
main-d'œuvre.
Une chose est certaine: l'économie interne fournit des prestations
à l'économie d'exportation. Si l'économie interne est trop chère,
trop protégée, l'économie d'exportation sera tentée de se déplacer là
où les coûts de production, les bâtiments par exemple, sont moins
chers.
Après avoir énoncé librement ces quelques faits connus de tous,
essayons d'en tirer des conclusions pratiques.
La globalisation tout d'abord? Elle est positive pour notre pays.
Preuve en est le fait que la Suisse est à la fois ouverte à la
concurrence internationale et l'une des nations les plus prospères du
monde. Loin de détruire des emplois en Suisse, la globalisation nous
a permis de nous renforcer. Nous manquons aujourd'hui de
main-d'œuvre, qualifiée ou non qualifiée.
Ceux qui, il y a quelques années, prêchaient la fin du travail, la
pénurie du travail et exigeaient le partage du travail en sont pour
leurs frais. C'est le contraire qui est survenu. Je ne suis pas sûr,
pour autant, que ceux qui tenaient ce discours aient changé
d'opinion. 
L'idéologie est souvent plus forte que la réalité. Mais au fond il
n'y a pas de surprise à constater que, pour un pays comme le nôtre,
globalisation rime avec succès économique.
La globalisation, c'est l'ouverture des marchés et l'obligation, à
travers la concurrence qu'elle provoque, de renouveler constamment
l'appareil de production et les produits offerts.
La concurrence interne et externe est le moteur du progrès. Elle
oblige à ne jamais se reposer sur ses lauriers. Elle donne des
chances à des acteurs nouveaux, plus efficaces. Elle sert directement
les intérêts du consommateur en leur permettant d'obtenir au meilleur
prix les produits qu'ils souhaitent. La concurrence sert
indirectement aussi les intérêts des producteurs puisqu'elle garantit
à terme les places de travail en renouvelant sans cesse la gamme des
produits offerte.
La concurrence n'est pourtant pas un dieu unique. Elle peut entrer en
conflit avec d'autres exigences, telles que la protection de
l'environnement ou la volonté de conserver une agriculture forte, ou
encore la volonté d'assurer à tous l'accès à des biens publics. La
question est alors de définir la portée de ces biens publics. Le
débat sur l'avenir de La Poste en est un exemple. Mais, finalement,
la concurrence ne doit jamais être limitée par des considérations de
protectionnisme économique. Les effets du protectionnisme économique
sont généralement coûteux et inefficaces à moyen terme. Voyons un
exemple qui concerne notre région, les remontées mécaniques. Chacun
sait que beaucoup d'entre elles ont des difficultés de financement.
Certains, dans cette perspective, voudraient développer des systèmes
d'aide publique aux remontées en difficulté.
Cette politique est dangereuse à plusieurs titres. D'abord, elle
immobilise des moyens publics probablement nécessaires ailleurs.
Ensuite, elle risque de mettre en difficulté d'autres sociétés,
saines en soi, qui voient leurs concurrents favorisés par les
pouvoirs publics. Le résultat est que les meilleurs deviennent moins
bons sans que pour autant les plus faibles soient assurés de
survivre. Cet exemple mérite des nuances. Je connais des cas où des
collectivités publiques locales soutiennent des remontées mécaniques
parce que, sans ces installations, toute une région serait
para-lysée. Les remontées mécaniques deviennent alors une sorte de
service public comme les chemins de fer du siècle passé. Toute règle,
on le voit bien, appelle des exceptions mais l'exception doit rester
pragmatiquement l'exception.
La concurrence est bonne. Elle est nécessaire. C'est le rôle de
l'Etat de l'assurer avec des règles connues de tous. A l'échelle
internationale, c'est à quoi se consacre l'OMC. L'opposition à cette
institution est incompré-hensible sinon, encore une fois, pour des
raisons idéologiques. L'OMC pourtant n'est pas parfaite. Elle est
réformable mais elle demeure indispen-sable, y compris pour les pays
les plus pauvres qui ont, au sein de l'OMC, comme les autres membres
de l'organisation, une sorte de droit de veto.
A l'échelle internationale toujours, les accords bilatéraux nous
assurent des conditions de concur-rence équitable sur le marché
européen, notre prin-cipal partenaire commercial avec 60% de nos
exportations et 80% de nos importations. Il faut aussi évoquer les
accords de libre-échange que nous

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