Office fédéral de l'agriculture
Utilisation des boues d'épuration dans l'agriculture - Une pratique qui doit lentement disparaître
Berne (ots)
A l'avenir, les milieux agricoles ne pourront plus recourir aux boues d'épuration. Toutefois, il n'est pas nécessaire d'abandonner cette pratique du jour au lendemain. Voilà ce qu'ont convenu l'Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage (OFEFP), l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG) et d'autres services fédéraux. Les offices exposent leur position aux milieux intéressés lors d'un atelier organisé aujourd'hui à Berne.
A moyen terme, les agriculteurs devront complètement renoncer à utiliser des boues d'épuration, qu'il faudra désormais exclusivement incinérer. L'Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage (OFEFP), l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG), l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) et l'Office vétérinaire fédéral (OVF) sont d'accord sur ce point. Ils exposent leur position aux milieux concernés - parmi lesquels l'Union suisse des paysans et les producteurs suisses de lait - lors d'un atelier organisé aujourd'hui à Berne. La manifestation est également l'occasion de présenter les résultats de l'analyse des risques liés aux engrais à base de déchets.
Pourquoi cette décision de renoncer aux boues d'épuration? Parce que la demande en boues d'épuration comme engrais gratuit pour l'agriculture est en baisse depuis des années. En effet, ces boues ne contiennent pas seulement des nutriments, mais aussi toutes sortes de polluants. Aujourd'hui, des méthodes d'analyse modernes permettent de détecter, outre les polluants organiques persistants (PCB) et les dioxines chlorées, la présence - même en quantités infimes - d'autres substances organiques moins connues, telles que des résidus de médicaments, des parfums ainsi que des hormones naturelles ou artificielles.
Dans la production biologique, les boues d'épuration sont prohibées depuis longtemps. Et ces derniers mois, la demande n'a cessé de reculer encore davantage depuis qu'il a été déclaré que, par le biais des eaux usées des abattoirs, les boues d'épuration pouvaient être contaminées par des prions, agents infectieux à l'origine de l'ESB. Toutefois, le risque d'infection est négligeable, compte tenu des conditions d'hygiène des abattoirs et de la séparation des parties solides des abats. Il n'empêche qu'actuellement, même les grands distributeurs interdisent le recours aux boues d'épuration si la viande et les produits laitiers sont issus d'une production avec label de qualité. Et il faut s'attendre à ce que les boues d'épuration aient toujours plus de peine à trouver preneur. En effet, les paysans adaptent leur production aux voeux des consommateurs, de plus en plus nombreux à préférer les produits avec label.
La stratégie d'abandon des boues d'épuration dans l'agriculture sera concrétisée ces prochaines semaines avec les milieux intéressés, après l'analyse des résultats de l'atelier d'aujourd'hui. Les offices fédéraux pensent que l'interdiction des boues d'épuration dans l'agriculture devrait devenir réalité dès 2003-2005. L'OFEFP et l'OFAG doivent d'abord modifier les prescriptions légales en conséquence, notamment l'ordonnance sur les substances.
Voir sur Internet:
http://www.blw.admin.ch/themen/hstoffe/duenger/f/
Augmenter les capacités d'incinération
Les stations d'épuration de Suisse - il y en a plus de 900 - produisent chaque année quelque 4 millions de tonnes de boues d'épuration liquides, ce qui correspond à près de 200'000 tonnes de matières sèches (MS). Ces dernières années, 40 pour cent de ces MS ont été utilisés dans l'agriculture. Les 120'000 tonnes restantes ont été brûlées dans les usines d'incinération des ordures ménagères (UIOM), dans les cimenteries ou dans des installations d'incinération spéciales.
Afin que l'ensemble des boues d'épuration puisse à l'avenir être éliminé dans le respect de l'environnement, la Confédération, les cantons, les associations de protection des eaux, le secteur du traitement des déchets et l'industrie du ciment unissent leurs efforts pour organiser l'élimination des 80'000 tonnes de MS encore utilisées dans l'agriculture, et coordonner le recours aux installations disponibles. Les installations de séchage doivent tout d'abord être utilisées de manière optimale. L'industrie du ciment a pour sa part offert d'incinérer 30'000 tonnes supplémentaires. La question de savoir si les UIOM peuvent éliminer davantage de boues d'épuration est actuellement à l'étude. Pour régler les problèmes de capacité ponctuels, les boues d'épuration séchées sont aujourd'hui déjà exportées vers des centrales au lignite à l'étranger afin d'y être brûlées.
Avantages et inconvénients de l'incinération
Les nutriments contenus dans les boues d'épuration sont perdus en cas d'incinération. Mais les boues d'épuration ne représentent qu'une faible proportion des engrais utilisés dans l'agriculture. C'est ainsi que les 2000 tonnes de phosphore provenant des installations de traitement des eaux qui ont été épandues l'année passée dans les champs et les prairies constituent à peine 5 pour cent de la quantité totale de phosphore utilisée par l'ensemble de l'agriculture suisse.
Les boues d'épuration ne contiennent toutefois pas que des nutriments, mais aussi des substances nocives, notamment des polluants organiques persistants (PCB), des pesticides organochlorés (DDT, aldrine), dont la production a été interdite il y a des décennies, des dioxines chlorées ou encore des aromates polycycliques, qui sont des sous-produits issus de processus thermiques. Les sources primaires de la diffusion de ces polluants dans l'environnement ont été éliminées ou pour le moins assainies. Mais en raison de leur persistance, ces substances continuent à subsister dans l'environnement. Grâce à l'incinération, ces polluants sont détruits une fois pour toute.
Contact:
Jürg Jordi, attaché de presse OFAG, tél. +41 31 322 81 28;
Elisabeth Maret, attachée de presse OFEFP, +41 79 504 52 55.